Son frisson de journaux froissés
Qu'il était triste, cet Anglais
Dont la main du temps n'avait fait
Qu'estomper doucement les traits
Tout seul, immobile et muet
Debout près du bar, il buvait
On aurait dit qu'il revenait
Quand il eût trop bu, tout à coup
De ses yeux, deux larmes glissèrent
Quelqu'un a dit, "Voilà qu'il est soûl !"
Et puis des secondes passèrent
Pourtant, moi qui le regardais
Ça me serrait, ça me serrait
Je mêlais à ses pleurs secrets
Car je n'avais pas bien compris
Ce qu'il disait rien que pour lui
"My beloved stayed in Paris"
Peut-être avait-il épuisé
Ou traînait-il un c?ur usé
Avait-il le spleen du marin
Ou faisait-il un grand chagrin
Qu'il était triste, cet Anglais
Que, chaque soir, je retrouvais
Portant le poids de son secret
Tout seul, immobile et muet
Debout près du bar, il buvait
Certains le guettaient en dessous
Et les larmes les faisaient rire
J'entendais : "Voilà qu'il es soûl!"
C'est tout ce qu'ils trouvaient à dire
Mais quand je m'approche de lui
Il me confia d'un air surpris
"My beloved stayed in Paris
S'il vous plaît, barman, qu'est-ce qu'il a ?
Et le barman me répondit :
"Sa bien-aimée est à Paris
"My beloved stayed in Paris
My beloved stayed in Paris