j'portais des espadrilles
j'avais encore mes jouets
qui, à mes pas, se colle.
un monsieur me suit dans la rue.
j'en avais rêvé bien souvent
et fus d'avance tout émue.
qu'est-ce qui va s'passer maintenant ?
quand on me suivrait dans la rue
j'pensais que ça s'rait épatant.
quand on me suivrait dans la rue, dans la rue
ce n'était qu'un vieux dégoûtant.
le coeur a ses mystères :
pour un homme, un gangster
et quand je vais chez lui
je sais qu'on le poursuit
pour le mettre en prison.
voilà qu'on me suit dans la rue
gros soulier qui marche en criant.
pourvu qu'on n'm'ait pas reconnue !
j'ai peur que ce soit deux agents.
j'enfile des rues et des rues.
mon dieu, ça devient inquiétant.
tout le monde me suit toujours dans la rue, dans la rue
que vais-je faire maintenant ?
dans un grand lit tout blanc
mon pauvre front brûlant.
voulez-vous le bon dieu ?
des fois que j'irais mieux.
j'vois tout le monde qui me suit dans la rue.
les hommes saluent, déférents.
c'est pour moi, j'l'aurais jamais cru
que les femmes se signent en passant.
j'vois tout le monde qui m'suit dans la rue.
devant moi marchent deux enfants.
on ne me suivra jamais plus dans la rue
car je m'en vais les pieds devant.